Enfant je traînais dans la gare
Derrière le temple et les boxons,
J’y croisais des peuples barbares
Sans amour et sans horizon,
Des amateurs de priapées
Des péronnelles, des rastaquouères,
Des fesse-mathieux, des abbés,
Des vieilles valétudinaires.
Et je dormais sous le hangar
Où deux mafflues peccamineuses
Servaient de cibles aux brocards
Que lui décochait, venimeuse,
La foule bancroche des valets
Agglutinés à la patache
Qui depuis l’aube conduisait
Tout ces jean-foutre à la tâche.
Et quand en couinant s’ébrouait
Lourde et fumante la navette,
Les deux radasses balançaient
D’un geste par-dessus la tête,
Leurs jupes aux dentelles crasses.
À ce signal les purotins
Qui découvraient leurs fesses grasses,
Riaient, criaient, tapaient des mains.
Et je profitais du brouillard
De la fumée du bruit du quai
Pour entrer dans le lupanar
Du pas traînant des foutriquets.
J’étais déjà tranche-montagne,
Un menteur, un vide-gousset,
Un gamin destiné au bagne,
Trousseur de filles et de couplets.
J’avais quinze ans j’étais parfait