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Cousine Becassine

1
Voilà qu’on raconte partout
Qu’on m’a vu chanter au mois d’Aout
« C’est ma cousine Bécassine »
On ajoute qu’en pur cabot
Je le faisais pour des bobos
En échange d’un verre de fine
J’aurais préféré qu’on contât
M’avoir entendu ce soir là
Chanter la grosse bite à Dudule
Ou à la rigueur les roustons
Du père Caton dans du coton
J’ai fait pire et plus ridicule

2
Ça fera demain cinquante ans
Que je chante la guitare au flanc
Sans m’inquiéter de Bécassine
D’après ce que maman m’a dit
Déjà dans son sein chaque nuit
Je chantais en secouant l’échine.
Amstramgram au fond du berceau
J’ai gazouillé « Bateau, ciseau »
« Pirouette les cacahuètes »
Qu’Alzheimer en soit remercié
Grâce à ses soins j’ai oublié
La couleur d’une souris verte

3
J’ai chanté quand j’étais soldat
C’est pas d’la soupe c’est du rata
Loin des cousines Bécassine !
Sans guitare et sans les mains même
Un peu à la mode chilienne
J’aurais pu chanter ma déprime
A mon mariage encravaté
Pour la noce et les invités
J’ai chanté faux l’Ave Maria
Par chance le maire et son adjoint
Le curé, sa femme, leurs gamins
Braillaient encore plus fort que moi

4
J’ai chanté noir, j’ai chanté blanc
Sans me soucier du sens du vent
Ni des avis de Bécassine
J’ai chanté blanc, j’ai chanté noir
Sans retourner ma vieille guitare
Pour y chercher l’or et l’hermine.
Quant à ceux qui jouent à conter
Qu’ils m’auraient entendu chanter
Bécassine en buvant la goûte
Je veux croire que c’est la rouille,
Plus que le goût de la magouille,
Qui leur avait brouillé l’écoute.