Quand je vivais à Pigalle
À l’époque où j’avais faim
J’allais chanter pour cent balles
Et souvent moins
Une brune délétère
Au corsage captivant
M’initiait à ses mystères
Sur un divan
Elle avait un tatouage
Gravé sur le haut du bras
Une fleur de marécage :
Un drosera
Et quand elle ôtait ses nippes
Lorsque roulaient ses cheveux
J’oubliais Dieu, ses principes :
J’ouvrais les yeux
Dans les volutes du chanvre
Cependant que je l’aimais
Le papier peint de la chambre
Disparaissait
Et je voyais des savanes
Et des soleils ondoyant
Comme du pétrole en flamme
Sur l’Océan
Odeurs de sang et d’urine
Un matin je l’ai trouvée
Un poignard dans la poitrine
Assassinée
Il se pourrait qu’à Pigalle
À l’époque où j’avais faim
J’aie chanté pour les cent balles
D’un assassin