L’annonce était collée
En haut de la vitrine
Message libellé
À l’encre bleu-marine :
« Recherchons c’est urgent
Pour nettoyer la cour
Balayeur débutant
Libre une heure chaque jour »
J’emprunte à ma maîtresse
Un seau et un balai
Et je fonce à l’adresse
Que l’annonce donnait
Mais comme je n’avais pas
Fait l’Université
Sans bac physique plus trois
Ils m’ont remercié
Joli monde, que veux-tu
Joli monde, que dis-tu
Joli monde, pauvre monde
Joli monde, m’entends-tu
En suivant mes deux pieds
J’entre dans un studio
Télé-réalité
On me tend un micro
On me dit qu’à loisir
Et sous les projecteurs
Je peux dire mes soupirs
Mes rêves mes bonheurs
On me poudre on m’assoit
On me peigne on m’habille
On me teste la voix
Je raconte ma vie
Mais comme je n’avais pas
Eu l’idée de violer
Mon frère, ma mère, papa,
Ils m’ont remercié
Joli monde, que veux-tu
Joli monde, que dis-tu
Joli monde, pauvre monde
Joli monde, m’entends-tu
Et je rentre chez moi
Les larmes au bord du coeur
Quelqu’un me prend le bras
Il s’annonce : » producteur »
Votre voix m’interpelle
M’avoue-t-il au bistrot
Venez sous mon label
Vous y serez au chaud
Mais pour booster les ventes
Et pour séduire la presse
Il fallait que je chante
Une fleur dans les fesses
Adieu la gloire les tubes
Je n’ai pas accepté
Leurs jeux leurs turpitudes
Ils m’ont remercié
Joli monde, que veux-tu
Joli monde, que dis-tu
Joli monde, pauvre monde
Joli monde, m’entends-tu
Écris donc tes mémoires
Me souffle un bon copain
Moi j’écris des histoires
Me dit-il tiens-toi bien
Je n’ai aucun talent
J’ai jamais eu d’idée
Mais tous les jours j’ai trente
Éditeurs à mes pieds
Pauvre monde, que veux-tu
Pauvre monde, que dis-tu
Pauvre monde, m’entends-tu