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La Fée

À la maternité
La fée de service avait bu
Et elle avait jeté
Son chapeau d’étoiles
Au rebut
Bip-bip doo woua yé yé
Qu’elle chantait en tapant du pied
En réprimant un rot
Elle s’est penchée sur trois berceaux

Au premier elle a dit
Tu n’aimeras pas les chansons
Les vers la comédie
Ni les guitares ni les violons
Bien sûr tu n’aimeras
Ni la danse ni l’opéra
Ni la littérature
Tu s’ras ministre de la culture

Au-dessus du berceau
Du second elle a déclaré
Tu seras fat et faux
Et de l’épargnant redouté
On te reconnaîtra
Chez les voleurs et les malfrats
Et tu seras parfait
En patron du Crédit Lyonnais

Secouant sa baguette
Au troisième elle a dit : p’tit gars
Telle une girouette
Tu trahiras, tu trahiras !
Prêt à tout pour gagner
Tes dents rabot’ront le plancher
Chien mais télégénique
Tu présid’ras la République

Et la fée est partie
En faisant un pas de côté
Le nez dans son whisky
Chantant be-bop doo woua yé yé
L’oeil mauvais sous les draps
Les trois marmots claquaient des doigts
Par bonheur ce n’est pas
Chez nous qu’on voit des choses comme ça