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La Vague

Hercule est jardinier
Il travaille à Paris
Il entretient les marronniers
Autour de la mairie
Du matin jusqu’au soir
Il compte les bourgeons
Quand il en manque un par hasard
C’est lui qui a des boutons
Hercule cet été
N’est pas resté au lit
Pour la mairie il a planté
Des palmiers c’est joli
Paris plage, la Seine
Comme une île d’Asie.
Le sable est arrivé en benne
Les pipis de chats aussi
Sur la plage inventée
On aurait en famille
Joyeusement pu s’emmerder
Entre deux tours de billes
Par chance par aubaine
A l’heure du rami
Sur le sable chaud érogène
Y a eu un tsunami
Qui a tout balayé
Tout balayé
Balayé

Sans cris sans artillerie
Mieux que la guérilla
La vague a détruit la mairie
Le commissariat
Poussant sur la Cité
Sa mission salvatrice
Elle est allée décapiter
Le vieux palais d’ justice
La Sainte Chapelle si fière
Du vermeil de ses croix
S’est retrouvée le cul par terre
Et la flèche de guingois
Puis la vague a noyé
Dans l’enfer du néant
L’Evêque et ses clercs chevillés
Aux aubes des communiants
Sur le pont Notre-Dame,
Elle a, en rugissant,
Tondu les poils de Charlemagne
La moustache de Roland
Près du Palais Royal
Elle a déshonoré
Jeanne en armure et son cheval
Qu’avait rien demandé.
Elle a tout balayé
Tout balayé
Balayé

Et quand elle est partie
Sa colère apaisée
De rue en rue on entendit
Les amants s’enlacer
Loin des Caterpillar
Du métro aérien
Sans le ramdam, sans le chambard
Des trucks, des trams, des trains.

Depuis la capitale
Sans tache désormais
J’ai fait cette carte postale
En flânant sur les quais
Et je me prends parfois
Comme Hercule à rêver
Qu’une autre vague un jour viendra
Terminer le chantier
Et tout balayer
Tout balayer
Balayé