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7 décembre

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La place de la mairie est naturellement superbe. Mais à cette époque de l’année, avec les boutiques du marché de Noël, tout y est magnifique ! Tout y est joyeux ! Tout y est magie ! Voici les sapins et les boules multicolores en verre filé. Voici les guirlandes dorées et clignotantes. Voici les vertes feuilles du houx et ses charmants fruits rouges. Voici les santons dans les attitudes des métiers désormais disparus. Voici les bergers. Le forgeron. L’apothicaire. La brodeuse et le sabotier. Le bûcheron. Voici la crèche, l’âne et le bœuf, les Rois mages. Voici le Jésus, sa mère en prières. Voici l’étoile qui scintille dans les cieux. Voici les cochons en pain d’épices et les poupées aux joues roses. Voici mille bougies aux timides flammes tremblotantes. Voici les soies de l’Orient finement tissées, les bérets de laine tendre et les doux gants de peau. Voici des chapeaux de toutes les teintes et de toutes les formes. Voici les polichinelles. Les ours bruns, les ours blancs. Les fées aux gracieux hennins et leurs baguettes magiques. Voici le père Noël à la lourde barbe blanche et soyeuse. Sa hotte déborde de cadeaux. Sa houppelande lui tient chaud. Ici, il est assis sur un nuage. Il sourit. On le retrouve plus loin danseur patinant et cascadeur. Son traîneau s’envole et l’emporte au pays des rêves tendres. Voici les blancs angelots qui côtoient les rouges diablotins ! Déjà, les odeurs de sucre fondu et de viandes rôties ont envahi la place. Aux exhalaisons de la soupe à l’oignon et des boudins aux pommes se mêlent celles des roses pralines, des marrons en cornets et du vin chaud. Voici les pâtes de guimauve et les bonbons à la violette. Voici les mets fins, les fruits luisants nappés de sucre, les crêpes, les gaufres, les confitures. Voici la musique ! Les cornes et les fifres, les tambourins, l’accordéon, la cabrette et les guitares, un piano bastringue et les violons aériens. Personne n’aurait idée de pester contre ces mélanges incongrus. Ce qui en d’autres temps et autres lieux semblerait saugrenu, déplacé, ridicule, agressif, est ici le symbole de la réconciliation des hommes. Les couleurs font l’amour, les papilles acceptent toutes les saveurs, les yeux toutes les formes, toutes les teintes, toutes les lumières. Noël. Noël joyeux. Noël éternel et doux au cœur des enfants tristes ou babillards.

Sur les coups de vingt heures, la place se vide. Les parents, frileux, rentrent chez eux, la goutte au nez, le col relevé, les pieds endoloris. Les enfants pleurent. Les commerçants ferment leurs boutiques. Les lumières disparaissent une à une. Le ciel étoilé a pris le relais des guirlandes et des bougies. Le dernier bistrot encore ouvert, surchauffé, accueille les traîneux, les soiffards. Dans les vapeurs des bières rousses et des fumées de cigarettes, chacun se raconte au son du jukebox ses Noëls d’antan. Forcément plus beaux que ceux d’aujourd’hui puisqu’on avait alors dix ans, et qu’on en a trente ou cinquante de plus désormais.

Va savoir pourquoi un groupe de vieux moustachus s’est formé autour du bar. Chacun y va de sa conception de la connerie. « Tiens, dit l’un, moi les cons je les repère dans les toilettes des restoroutes ! Les glandus qui gravent au tire-bouchon leurs insanités trouducultières. Ceux qui pissent partout. Par terre, sur le rabattant du chiottard. Quand ils ne dessinent pas à l’encre grasse de leurs maigres intestins des œuvres qu’ils supputent en phase avec Michel-Ange et Léonardo ! »
Son voisin ajoute : « Et ceux qui se sauvent en emportant le rouleau de papier cul et qui engueulent la caissière à cause du prix du gazole qui a encore augmenté ! Ceux-là, faudrait pas que je sois Superman ! Je te leur foutrais une avoine pour leur rappeler la bienséance ! Une mandale sur le pif, un coup de latte dans le buffet ! Retourne chez ta mère, loquedu ! J’ai soif, bordel ! ».

Les verres n’ont pas le temps de se vider. Le ton des conversations grimpe. Les rires se font gras. La pendule n’ose plus donner l’heure. Une voiture de police vient de s’arrêter devant la vitrine du bistrot. Elle repart. Les rires redoublent de volume. La chaleur monte d’un cran. D’autres soiffards viennent de rejoindre les premiers arrivants. Il ne fait plus chaud : à présent, on étouffe ! Les vestes sont tombées. Les cache- col gisent au sol. Les tournées s’enchaînent.

Un type à la voix grave et timbrée du comédien se confie :
« Dans mon boulot, on fait du doublage de voix pour les dessins animés qui sont diffusés dans le poste. Figure-toi qu’un jour dans une série dédiée à Abraham Lincoln, on a reçu une note d’un haut responsable de la chaîne qui demandait de changer le prénom de Lincoln car « Abraham était trop connoté biblique » ! Le con nous conseillait néanmoins de conserver à Lincoln un prénom commençant par la lettre A car sur une porte on pouvait lire : « A. Lincoln ». Le trouduc qui avait rédigé la note conseillait d’appeler le défunt président des USA André ou Alphonse ! Alphonse Lincoln…! Ça le fait, non ? Dans mon métier, je vous le dis, les gars, c’est pas les cons qui manquent ! »

Le patron du bistrot annonce qu’il va fermer. Ça ronchonne au comptoir. On passe les dernières commandes. Les plus réservés serrent les paluches et décanillent. Les plus alcoolisés tentent encore de se raconter. Un gusse en larmes dit qu’enfant, sa famille était tellement pauvre qu’elle ne pouvait lui offrir une peluche, alors son grand-père menuisier lui avait fait un ours en ferraille en soudant des vieux clous rouillés et tordus les uns aux autres. Et le bonhomme ajoute : « Comme ma mère était très pieuse, elle m’avait traîné l’année suivante à la messe de minuit, et en serrant mon nounours de clous contre ma poitrine, je pouvais sentir la douleur du Jésus ! ».

Je remonte la fermeture à glissière de mon blouson et je m’enfonce dans la nuit. J’évite de traverser la place de la mairie de crainte d’entendre les Pères Noël bourrés comme des coings se foutre sur la gueule. La lune est pâle. Demain, il se pourrait qu’il neige. Le monde est zinzin ! L’histoire du comédien avait l’air véridique. Si ça se trouve, celle du nounours en clous aussi. Et les cons qui pissent partout, c’est du solide. Tout ça devrait me permettre de raconter une nouvelle aventure à mon journal intime.
En m’éloignant, j’entends un maigrichon soiffard, que j’avais remarqué pour son débraillé et la sottise de sa conversation sur le corps médical, beugler : « Ouais, il y a des maladies héréditaires qui sautent une génération ! Mon grand-père était très con ! ».

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