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7 Septembre

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L’août venait de s’achever quand je me suis rendu compte que je n’avais rien fichu de l’été ! Pas pondu la moindre ligne. Aucun mot qui vaille la peine d’être retenu. Pas une seule pensée cohérente. Septembre était là, et je me suis mis à gamberger : « Bon sang ! Et s’il m’arrive un sale truc ? Un machin qui m’empêche d’écrire ? Je vais me retrouver dans la panade et ce sera bien fait pour ma tronche ! Mais que dira mon lecteur ? ».
J’exècre ce genre de situation dont je suis l’unique responsable. Si j’avais été un peu moins cossard, un peu plus hardi, je n’en serais pas là. J’en venais presque à regretter de n’avoir pas la possibilité de porter mes fesses à un mètre devant moi pour me les botter plus aisément !
Il convenait de réagir.
Je me suis installé dans le canapé avec mon ordi sur les genoux, et j’ai fermé les yeux. Généralement c’est à cet endroit, dans cette position, que les idées me rattrapent. Mais cette fois, rien n’a déboulé. Je me suis endormi, et c’est l’inquiétude me traversant le bulbe qui m’a réveillé. Insidieuse au début, l’anxiété a rapidement pris possession de mon esprit puis de mon corps, lorsque des bouffées de chaleur m’ont assailli et que des perles de sueur froide se sont mises à suinter sur mes tempes et mon front. Et si mon élégant cerveau s’était, tout aussi brusquement que furieusement, rouillé ? Comment, lui d’ordinaire si fertile, si prompt à répondre à chacune de mes sollicitations, pouvait-il se complaire dans le mutisme à un jet de feuille de l’automne ? Mon crâne aurait-il soudainement décidé de construire entre mon esprit et la page blanche du Word un infranchissable mur, aussi vaste qu’épais ? Il devenait urgent, puisque aucune idée ne semblait vouloir laisser poindre le bout de son verbe, que je trouve une solution. Celle-ci devait sans coup férir se trouver dans le carnet vert.

J’ai plusieurs carnets. Un rouge que je laisse dans la cave, où sont inscrites les entrées et les sorties de bouteilles. Il possède quantité de pages. Toutes sont truffées de dates, de noms de crus, de domaines et de châteaux, ainsi que d’une foultitude d’appréciations gustatives. Il n’y a plus la moindre place pour y glisser le moindre mot.
Le deuxième est noir. Voilà plus de trente ans qu’un ami prêtre me l’a offert en me disant : « Il te permettra de noter les bienfaits offerts par le ciel dans la journée. ». Ce carnet est totalement vierge, immaculé oserais-je dire, et la poussière lui a fait une sorte de carapace molle et grasse. Je l’ai ouvert, un soir. Par inadvertance. Ça date d’un peu plus de deux ans. Une famille de cloportes en avait fait sa demeure. Je l’ai vite refermé et jamais rouvert depuis.
Le vert est mon préféré. C’est dans celui-ci que j’inscris toutes les idées qui me traversent l’encéphale. Il y a là-dedans de quoi rédiger plusieurs bouquins. Des polars, de la SF, de l’humour, de la poésie, des remarques cocasses ou frappées au coin du bon sens, du délire et du vécu, enfin tout ce qu’il faut pour nourrir un récit. Il est à la fois mon Éden et mon Golgotha. Ma vie, mes espérances, ma mort et ma résurrection. Pas un seul instant je n’ai pensé qu’il serait incapable de m’aider dans ma quête. Je savais qu’en le feuilletant j’y trouverais l’oxygène nécessaire à mon travail de plume et que je saurais tirer de lui la substantifique moelle !

J’ai ouvert le carnet. Enfin, je ne me suis pas précipité. Avant de m’y résoudre, j’ai pris mon temps. J’ai d’abord décidé de m’occuper de ma valise qu’au retour d’un récent voyage dans le sud dunkerquois j’avais laissée traîner sous mon bureau. Elle était encore pleine de sable et de galets. Je les ai rangés, comme tout ce que je rapporte de vacances, dans l’armoire à côté de la vague portugaise et de son surfeur avec sa planche.
Le carnet était vide. Comprends-moi bien : les pages étaient toujours là, mais en revanche les mots, tous les mots s’étaient envolés ! Plus aucune phrase, rien ! Adieu les idées ! Fini. Kaput. Nib. Que dalle. Buenas noches, mi amor. Ciao. Les fruits de mes encres avaient disparu ! Pas biffés, non. Effacés. Gommés. Radiés. Irradiés ! Mes notes, toutes mes notes, patiemment accumulées jour après jour pendant des années, s’étaient envolées. Quel dieu sans miséricorde avait lancé sur mon carnet cette injuste fatwa ?!

Je me suis assis à mon bureau et j’ai laissé les larmes me submerger. Quelques heures plus tard, calmé, j’ai cherché à me remémorer des histoires du carnet. Une seule m’est revenue. Elle n’avait en aucun cas de quoi permettre à qui que ce soit d’en faire un roman. Pas même une modeste nouvelle. Juste un court paragraphe. Et encore… Il s’agissait d’une proposition qu’à New York un vendeur de pulls m’avait faite dans sa boutique. C’était en novembre, j’étais en tournée aux USA pour plusieurs mois : « Monsieur, si vous m’en prenez deux, je vous offre le troisième ! ». J’avais hésité quelques minutes avant de sortir ma carte de crédit. Quelque temps plus tard, regagnant le natif terreau, les trois pulls enquillés sur mon dos, les uns par-dessus les autres, m’avaient été bien utiles lorsque j’étais arrivé en Normandie au début juillet !
L’anecdote valait peu, et seule elle ne pouvait me permettre de remplir deux pages. Il me fallait autre chose. Rien ne venant me dérouiller le neurone, j’ai décidé de remettre à plus tard mon travail d’écriture et de me séparer du carnet désormais inutile en l’offrant au fils du voisin, pour y faire ses brouillons. En échange j’eus droit à son beau sourire, mais tandis que son père refermait la porte derrière moi, je l’entendis murmurer : « Il est moche, son carnet. Toutes les pages sont déjà gribouillées, et y a même pas de Pokémons dedans ! Pourquoi il me l’a donné, P’pa ? ».

Mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai repoussé la porte au risque de cogner le nez du voisin. Le moutard avait encore le carnet à la main. Il était ouvert. Je lui ai demandé de me dire ce qu’il y voyait. Il s’est mis à lire. Mal, en ânonnant : « Un vendeur de pulls à… New York m’en… offre un si je lui en… achète deux… ». J’étais derrière lui, et pourtant je ne voyais rien ! Pour moi, la page était blanche. Seul le môme y lisait mes mots, mes notes. Son père s’est approché, mais ne semblait rien déchiffrer lui non plus. En me raccompagnant à la porte, il m’a dit en secouant la tête : « Quelle imagination, ce gosse ! Vous voulez reprendre votre carnet…? ». J’ai poliment refusé.

Je n’ai jamais été très doué avec les enfants… Il faudra pourtant que j’apprivoise celui-ci. Le plus rapidement possible ! Ce ne sera sans doute pas facile, mais comment faire autrement ? Il est le seul désormais à pouvoir lire mon carnet et m’aider dans mon travail d’auteur.

J’ai laissé passer trois semaines, puis je suis retourné le voir. C’est son père qui m’a accueilli : « Dites donc, je sais pas ce que c’est que votre carnet ? Mon fils arrêtait pas de le lire ! À voix haute ! Le jour. La nuit ! Sans arrêt. Avec ma femme, on pouvait plus dormir. J’ai fini par le balancer dans la cheminée ! ».

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