Dans le bistrot j’avais chanté
Deux heures de chansons déjantées
Et une vieille majorette
M’avait dit, chaussant ses lunettes :
« Vos chansons manquent un peu d’esprit
C’est vulgaire et c’est mal écrit
Pour votre carrière c’est un frein
Adoptez plutôt mon refrain :
Refrain
Tiens, voilà l’facteur
Courrier du cœur
Que du bonheur »
Vulgaires, mes chansons ? Foutredieu !
Ça m’a troué le cul, morbleu !
Vulgaires, mes vers ? Moi qui compte les
Pieds pour en chasser les mots laids.
S’il m’arrive d’être grivois,
De dire : « con, merde » parfois,
C’est jamais pour faire le malin
Ce sont des rimes à TF1
Refrain
N’en parlons plus, c’est du passé.
Je veux, avant de trépasser,
M’engager à ne jamais plus
Dire : « bite-et-poil-trou-du-cul ».
Là où jadis j’hurlais : « pillard !
Flibustier ! Voleur ! Charognard ! »
Désormais je dirai : « Hourra !
Le ministre est un type extra ! »
Refrain
Je n’irai plus, dorénavant
La nuit avec les étudiants
Chanter sur des rythmes andalous
Les exploits du père Dupanloup.
Et si un jour je vais à Rome,
Je laisserai seul le saint homme
Chanter avec ses gardes suisses :
« Lève la cuisse, voilà qu’ça glisse ! »
Refrain
Adieu, chansons de carabins
Qui faisaient rire les copains
Adieu, chansons de cabaret,
Adieu Brassens, adieu Perret.
Désormais je chanterai clean
D’aimables chansons anodines
Conçues pour flatter le troupeau,
Chiantes comme celles d’Obispo.
Refrain