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Mon cher journal

Il y a trois semaines, vers midi, un brouillard qui ne permettait plus de voir au-delà de dix mètres s’est installé au-dessus de la vallée. Ensuite, il s’est mis à pleuvoir. Une grosse pluie grasse et verglaçante qui semblait ne plus vouloir s’arrêter. Puis le vent s’est levé en fin d’après-midi.

Mon cher journal

En mille neuf cent soixante-deux, à mon retour des Aurès avec le grade de caporal cousu sur ma manche, j’avais épousé Madeleine à la mairie d’un village de la périphérie roannaise où elle avait jusqu’alors vécu chez ses parents. Sitôt le mariage célébré, nous avions pris la route pour la capitale où j’exerçais l’aimable activité d’employé au guichet d’une puissante banque.

Mon cher journal

Ce matin le ciel était bleu, le soleil radieux, pour un peu je me serais cru dans une chanson d’amour. J’avais le nez en l’air. La rue sentait bon. Les fleurettes des balcons offraient le meilleur de leurs pétales. Dans leurs cages, de ravissants inséparables gazouillaient.

Mon cher journal

L’autre semaine en revenant de la pharmacie où j’étais allé chercher, sur les conseils d’une amie, un sachet de chlorure de magnésium destiné à me désengorger le gros intestin qui depuis quelque temps me fait des caprices, je suis passé devant la maison de la folle.

Mon cher journal

« Hé bé non, que tu me déranges pas, Claudine ! Je suis à l’hyper avecque Monique. On avait plus de jaune, alors on est allés où ça coûte le moinsss ! Tu as un souci, que tu m’appelles en plein après-midi, ma belle ? Hé ? La voiture veut plus démarrer ? C’est la Smart ? Tu as mis la clé et elle s’allume pas !

Mon cher journal

Il fait tristounet. On ne peut pas dire que ce soit déjà le printemps. Tout est moche. Les arbres, l’herbe, le ciel. Qu’est-ce que j’ai mangé à midi ? Aucun souvenir. J’ai l’impression d’avoir le ventre vide ! C’est quoi cette forêt ? Qu’est-ce que je fiche ici ? S’il y a un bon dieu, je ne peux pas imaginer que ce soit lui qui m’a poussé à venir me perdre là.

Mon cher journal

Aymé, fort de son prénom identique au patronyme de son auteur préféré, était en train de bosser sur une nouvelle aventure du « Passe-Muraille », le héros qui traverse les murs sans les abîmer. Enfin, quand je dis qu’il bossait j’exagère un poil, vu que pour le moment il n’avait trouvé que la fin de son histoire

Mon cher journal

Il était neuf heures vingt lorsque Émile Soustelle, employé de la Compagnie du Gaz, se présenta au troisième étage du 43 de l’avenue Charles Hiebdeau au domicile de Jean-Charles Danglars pour relever le compteur comme il le faisait tous les six mois chez cet abonné.

Mon cher journal

Jeannot est assis à la table de la salle à manger. Il a devant lui un gros bloc de papier que son papa a gaulé à l’hyper voici deux ans. Il mâchouille la mine noire du feutre. Il le repose. L’échange contre un rouge, puis le rouge pour un vert, avant de revenir au noir qui lui semble nettement plus inspirant.

Mon cher journal

Bon sang que tu es resté gamin ! À ton âge tu veux encore un conte de Noël ? Allez ! Reste assis et ouvre grand tes oreilles.